Elles dominent les scènes locales, remplissent les salles, font vibrer les réseaux sociaux et imposent leur style. Manamba Kanté, Djelykaba Bintou, Tenin Diawara, Yama Sega, Mimi Payapaya ou encore Ibro Gnamet... pour ne citer qu’eux, toutes incarnent à leur manière la vitalité et la diversité de la musique féminine guinéenne. Et pourtant, un constat s’impose : malgré leur notoriété et leurs parcours complémentaires, les collaborations entre elles se font rares, voire inexistantes.
Certaines d’entre elles n’ont pas hésité à s’ouvrir à des artistes d'autres pays africains ou de la diaspora, Djelykaba Bintou en featuring avec Mia Guissé, Manamba Kanté aux côtés de Dieyna, Yama Sega avec Azaya... . Mais les collaborations entre grandes figures féminines guinéennes restent quasiment absentes du paysage musical local.
Ce manque de featurings pourrait s’expliquer par le désir légitime de chacune de construire une identité propre, dans un univers musical où les comparaisons sont constantes et la compétition parfois rude. En misant sur leur singularité, ces artistes affirment leur empreinte. Mais cette démarche, si elle renforce l’identité individuelle, freine aussi la création de synergies puissantes qui pourraient marquer durablement l’industrie musicale guinéenne.
Dans d’autres pays africains, les grandes collaborations féminines sont devenues des événements culturels et commerciaux majeurs. Elles permettent non seulement de croiser les publics, mais aussi de véhiculer des messages forts autour de la sororité, du leadership féminin ou de la culture partagée. En Guinée, une chanson réunissant plusieurs voix féminines majeures serait sans doute un signal fort, autant pour les fans que pour les plus jeunes artistes.
Du côté des artistes montantes, comme ceux citer en haut, la situation est similaire : peu de connexions visibles avec leurs aînées. Un lien intergénérationnel encore timide, malgré le potentiel artistique et culturel que cela représenterait.
Le constat n’est pas figé. Plusieurs initiatives citoyennes ou culturelles encouragent déjà les échanges entre artistes, toutes générations confondues. Et dans un contexte où les plateformes numériques facilitent la mise en relation, il suffirait parfois d’une impulsion d’un projet collectif ou d’un événement fédérateur pour renverser la tendance.
Car une chose est sûre : ensemble, ces artistes pourraient écrire une page inédite de la musique guinéenne au féminin.
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