nvité de l’émission Afronight, le chanteur Takana Zion a livré une réflexion franche sur l’état de la scène musicale guinéenne, et plus particulièrement sur le secteur du reggae. S’il reconnaît une évolution positive du genre dans le pays, l’artiste a tenu à pointer du doigt un manque fondamental : l’insuffisance de musiciens formés pour accompagner les artistes sur scène ou en studio.
« Le reggae se porte très bien, mais le problème, c’est qu’il manque de musiciens en Guinée. Par rapport au temps des Bembeya Jazz, on constate qu’il n’y a plus assez de musiciens. »
Face à ce constat, Takana Zion a pris l’initiative de créer le complexe culturel Zion City, un espace destiné à former une nouvelle génération de musiciens professionnels et de techniciens.
« C’est justement pourquoi j’ai créé le complexe culturel Zion City, pour qu’avec la complicité du ministère, on puisse organiser des séances d’apprentissage de guitare, de piano, de basse, de batterie, de trompette, mais aussi de l’ingénierie du son et de la lumière, pour les jeunes qui n’ont pas forcément la capacité de retourner à l’école et qui souhaitent apprendre quelque chose. C’est une forme d’insertion sociale. »
Mangana, regrette que les premières démarches auprès des autorités précédentes soient restées lettre morte. Il se montre cependant plus optimiste aujourd’hui.
« On a essayé de faire ça avec le gouvernement précédent, mais ça n’a pas marché. Mais aujourd’hui, la Guinée est en train de revenir en force, petit à petit, avec le jeune ministre Moussa Moïse Sylla, qui est très ambitieux et qui connaît les problèmes des artistes, parce qu’il a été journaliste. Il m’a interviewé plusieurs fois. »
Takana Zion salue par ailleurs la mise en place d’un fonds public destiné à soutenir les artistes dans la réalisation de leurs projets
« Aujourd’hui, il y a un fonds destiné aux artistes qui souhaitent monter de grands projets. Moi-même, j’ai été accompagné par le ministère de la Culture dans le cadre de la réussite de mon événement à l’Olympia. Et je ne suis pas le seul, d’autres artistes aussi ont été soutenus. »
Enfin, l’auteur de Black Mafia insiste sur l’importance de développer des carrières de musiciens à part entière, plutôt que de voir les instrumentistes se convertir systématiquement en chanteurs.
« Comme je le dis, il y a un sérieux problème de musiciens. Il y a des gens qui commencent à jouer d’un instrument, qui accompagnent les artistes, puis, à un moment donné, on les retrouve en tant qu’artistes chanteurs. Ils ne veulent plus accompagner personne. Donc il faut qu’on forme des musiciens fixes, qui restent dans ce rôle. »
Par cet appel, Takana Zion souligne un enjeu crucial : renforcer la filière musicale guinéenne passe par un investissement durable dans la formation des musiciens, véritable socle de son avenir.
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