En quelques années, M’mahawa Bangoura alias Sheba Queen s’est imposée comme l’une des voix marquantes du dancehall guinéen. Une ascension rendue possible grâce à une stratégie simple mais efficace : des freestyles diffusés sur les réseaux sociaux, qui lui ont permis de se faire une place dans un univers encore largement dominé par les hommes.
C’est par cette pratique spontanée que Sheba Queen a capté l’attention d’un public jeune et connecté. Ses vidéos, souvent tournées avec peu de moyens mais portées par une énergie brute et des paroles assumées, ont fait d’elle une figure montante de la scène urbaine locale. Les thèmes abordés affirmation de soi, dénonciation des stéréotypes, quotidien féminin ont renforcé l’impact de ses prestations, qui allaient bien au-delà du simple divertissement.
Forte de cette visibilité croissante, Sheba Queen a progressivement structuré sa carrière autour de morceaux plus produits, mêlant sonorités dancehall et influences culturelles guinéennes. Ce mélange, à la fois moderne et enraciné, a contribué à forger son identité artistique tout en élargissant son audience. Son clip « Moun Yigui Kolon », sorti le 24 juin de l’année passée, cumule aujourd’hui plus de 2 millions de vues sur YouTube.
Mais son parcours ne s’est pas construit sans obstacles. Dans plusieurs prises de parole, Sheba Queen a évoqué les résistances rencontrées, notamment au sein de sa propre famille, face à son choix de faire de la musique. Ces difficultés, loin de l’affaiblir, ont au contraire renforcé sa détermination à faire entendre sa voix dans un espace où les femmes restent encore sous-représentées.
En 2025, sa trajectoire est saluée par une première reconnaissance continentale : le prix de la Meilleure Performance Dancehall lors des Marley d’Or à Ouagadougou. Une distinction qui vient confirmer son évolution, des débuts amateurs aux scènes professionnelles de l’Afrique de l’Ouest.
Aujourd’hui, Sheba Queen incarne une nouvelle génération d’artistes féminines qui utilisent les codes du digital pour s’imposer dans les musiques urbaines. Si sa carrière reste jeune, elle démontre déjà comment les freestyles en ligne peuvent devenir un levier d’expression, mais aussi un outil d’émancipation.
Son dernier clip, « Warr », vient confirmer ce positionnement. Porté par une esthétique affirmée et des paroles sans compromis, le morceau revendique l’image d’une "bad gyal" déterminée, prête à tracer sa route dans le cercle du dancehall mondial, où le talent se conjugue avec audace.
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