L’artiste guinéen le plus écouté après feu Mory Kanté, sur la plateforme digitale Spotify, le reggae man guinéen Safa Diallo, continue de son art à représenter fièrement la Guinée à travers le monde. Avec des statistiques, sa participation a plusieurs événements sur des grandes scènes et des collaborations de haut calibre, notre rédaction, s’est rapprochée de lui pour en savoir un peu plus sur le secret cette brillante évolution.

 

 

Malgré son emploi du temps chargé, le Ramba Bax, nous a ouvert son cœur pour nous parler de ses débuts en musique, les filons de sa carrière, ses activités hors musique, et son regard critique sur la représentativité de la musique 224 à l'étranger. Lisez pour découvrir certains points !

 

Présente-toi pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore !

 

« Je suis Safa Diallo, originaire de Cosa, dans le pays de la Guinée. Artiste chanteur de dancehall, Ragga et Reggea, auteur du tube Tired A Di Gunshot, (feat Capleton). Je vis entre la Jamaïque, l'Europe et la Guinée. A part la musique, je suis un entrepreneur et un businessman, qui a beaucoup investi dans l'immobilier, notamment en Guinée. »

 

Comment es-tu arrivée dans la musique ?

 

« Je suis arrivé en Europe à l'âge de 15 ans, et je me suis lancé dans la musique quand je suis allé en Espagne. J'étais là seul sans parents, je vivais dans la rue, il y avait un centre d'insertion sociale et c'est là que j'ai commencé des ateliers de musique. C'était une porte d'issue pour moi, pour ne pas divaguer dans la rue. »

 

Quelles sont tes influences ?

 

« J'ai été très influencé par la musique reggae, notamment Bob Marley. Le rap m'a aussi influencé quand j'étais petit ; 2 Pac, Kill Point, PBS... Je me rappelle que tout petit, je ne comprenais pas l'anglais, mais je faisais souvent des interprétations à ma manière, comme par exemple, je reprenais ‘Natural Mystick’ de Bob Marley en Poular »

 

Il suffit de prononcer ton nom, on pense directement à des artistes de renom à dimension internationale. Quelle astuce as-tu pour mettre main sur certains ?

 

« Oui ! Quand on parle de Safa Diallo, on parle d'artiste international, c'est par ce que j'ai déjà collaboré avec beaucoup d'entre eux. Et le secret en fait pour y arriver, je pense qu'il faut rêver et foncer, pour se donner à soi-même les moyens de réussir. »

 

« Moi, j'ai eu la chance de grandir en Europe, et cela m’a donné l'opportunité de côtoyer beaucoup de gens de renommée internationale. Mon premier voyage en Jamaïque a été fructueux, et j'ai eu l'occasion d'aller au Stings Reggea Festival qui se produit chaque année, et où la moitié des artistes jamaïcains performent. Ce fut le déclic. J'ai eu la chance de rencontrer beaucoup d'artistes jamaïcains en plus des tournées avec Busy Signal. Au début, je connaissais plus d'artiste jamaïcain, et français. Mais dans le milieu latinos, on a aussi nos pions, en tant que précurseur du reggae dance hall »

 

 

Aujourd'hui, tu es l'un des artistes qui représente fièrement la Guinée à l'extérieur, de quel secret, disposes-tu ?

 

« Il y a bien assez des secrets, mais il faut qu'on se forme, s'éduquer, être autodidacte. Moi, j'ai commencé des études de droit en Espagne que je n'ai pas pu terminer, parce que je n'étais pas dans une famille qui pouvait bien m'aider. Mais après je me suis beaucoup formé, en lisant les histoires contemporaines africaines, et bien d’autres choses. Le monde est devenu très moderne avec Internet, et on peut soi-même faire assez de choses. »

 

« Je suis l'un des artistes les plus polyglottes au monde (pour ceux qui ne comprennent pas, je suis l'un des artistes qui parle le plus de langue au monde). Je chante en anglais, le patois jamaïcain, espagnole, portugais, allemand, peul, etc. Et c'est une particularité qui me rend unique en Guinée, en Afrique, et même dans le monde. Peu d'artistes son polyglotte, même Chris Brown ou Michael Jackson n'avaient pas cette qualité. »

 

La musique de Safa Diallo est moins écoutée en Guinée, quelles explications peux-tu donner à ça ?

 

« Pour ceux qui connaissent la plateforme de streaming international Spotify, je suis l'un des artistes guinéens et africains les plus écouté, avec les 50 mille ou 30 mille écoutes mensuelles, et parfois moins. Mais malheureusement, ce n'est pas médiatisé chez nous, et cela me donne la sensation que moi Safa Diallo, je suis boycotté dans mon propre pays. Et je pense que cela est un complexe de beaucoup de médias, sinon à part Gnakrylive, GuineeHit et peut-être 1 ou 2 sites, peut en parle. »

 

« Je me dis qu'on se sous-estime, on a un complexe, parce que souvent, nous avons du mal à accepter nos produits locaux. Sinon Safa Diallo est respectée à l'international, je fais du buzz à l'international ; et pourquoi mon pays ne nous réclame pas ? Je dirais d'une part, il y a des médias qui nous boycottent. »

 

 

« Ils préfèrent faire la promo des artistes de quartier, et oublient ceux qui font la fierté de la Guinée à l'international. Sachant que je ne suis pas un artiste démagogue, ni un lèche-botte, certains ont peur de ça. Mais mon travail à l'international est reconnu. Et si la Guinée a un complexe de reconnaissance qui l'empêche de faire la promo de son artiste Safa comme il se doit, il y a quand même des pays du monde qui me reconnaissent. Mais ma fierté serait plus grande si mon pays la Guinée m'accordait plus de considération ou à défaut la même promo accordée aux artistes de quartier qui font le buzz et des hits de quartiers… »

 

« Moi, j'ai fait des hits vendables à l'international, comme aux États-Unis, en Jamaïque et partout dans le monde. Et j'ai eu la malchance de travailler avec des mauvaises équipes. Sinon à mon arrivé à Conakry il y avait du Buzz d'ouf. Je me suis mis avec des tueurs de buzz et de carrière, comme les productions Tidiane World Musique, raison pour laquelle Safa Diallo est boycotté Guinée, mais respecté »

 

« Ces jours-ci, j'ai débuté ma collaboration avec Gold UP, qui a fait beaucoup de beat de Vybz Kartel, de Shenseea, Shatta Walle et beaucoup de Jamaïcain aussi. Mais il n’y a que deux médias guinéens qui ont parlé de ça, du fait que Safa Diallo travaille avec l'une des plus grosses boîtes de prod au monde. » 

 

« Quand d'autres artistes achètent des Hummers (véhicule), tout le monde en parle, moi, j'ai une Maybach et plusieurs voitures, mais qui en parle ? Combien de millions de dollars, qui en parlent ? Je suis entrepreneur dans l'immobilier, qui en parle ? »

 

 

« Mais malgré tout, je reste le boss dans assez de domaines et dans le show-business. Aujourd'hui, je vois beaucoup d'artistes se lancer dans le business, mais moi, j'ai commencé par le business avant d'être artiste. Je demeure l'unique artiste qui a invité la chambre de commerce belgo-luxembourgeois à investir en Guinée, qui en a parler ? Et même le gouvernement peine à le reconnaître. »

 

« Je vous apprends que quand je vais en Jamaïque, j’ai ma maison. En Guinée, j'ai mes maisons, en Espagne, j'ai mon appartement et en suisse aussi… »

 

« Mais en Guinée, j'ai compris que pour faire du buzz, il faut parler politique, faire le caméléon, un menteur ou un tricheur, et Safa Diallo n'est pas dans ça. Je préfère faire du buzz avec du bon travail. Tout de même, big up, aux médias qui donnent de la force à leurs artistes. Imaginez-vous, si tous les médias faisaient un focus sur un artiste pendant une semaine, cet artiste aurait forcément une visibilité à l'international. »

 

Pour avoir tourné dans assez de pays du monde, comment est perçue la musique guinéenne à l’extérieur ?

 

« Après les ballets africains, la musique guinéenne proprement dite ne sont presque pas perçus, peut être un tout petit peu dans la sous-région. Parce qu’en fait, les artistes font des hits, pour la Guinée, qui se limite là-bas, et un peu dans la sous-région. Peu d'artistes guinéens sont connus à l’international, et je suis fier d’en faire partie. Tout de même les plus connus restent les ballets africains et le célèbrent et regretter Mory Kanté. Actuellement aussi, on peut ajouter MHD et Blak M, qui ont connu entant que tel. »

 

 

« Peu d'artistes guinéens sont connus à l’international, et je suis fier d’en faire partie. Tout de même les plus connus restent les ballets africains et le célèbrent et regretter Mory Kanté. Actuellement aussi, on peut ajouter MHD et Blak M, qui ont connu entant que tel. Mais je dis que la faute doit être aussi impartie aux hommes de médias, qui doivent sortir de leur complexe et vendre les produits guinéens. »

 

« La plupart des autres quand ils viennent en Europe, c’est juste pour faire des concerts pour leur communauté, et non sur des grandes scènes, ou les grands festivals dans le monde. C’est pourquoi je suis ravi de faire partir de ce réseau, et je félicite tous les promoteurs qui font en sorte de promouvoir les artistes et la musique guinéenne à travers le monde. » 

 

« Les artistes sont talentueux, et les jeunes commencent à faire des produits au standard international, mais c’est les communicants qui n’arrivent pas à vendre leurs artistes. » 

 

De quel œil Safa Diallo observe la musique guinéenne en général ?

 

« La musique guinéenne pour le moment peine a décollé, il y a quand même un ou deux qui sont écoutés. Les jeunes de leur côté font le boulot, ils sortent des singles des clips, mais comme je l’ai, la faute est aux structures de communication, aux médias. »

 

« Pour finir, je donnerai comme conseils ; si en tant qu’artiste, tu arrives à voir des vues sur la toile, et que ta carrière ne décolle, la faute est à impacter à vos cellules de communication »

 

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