Monument de la musique guinéenne et membre incontournable du légendaire Bembeya Jazz National, Sékou Bembeya Diabaté, connu sous le nom de « Diamond Fingers », a officiellement annoncé la fin de sa carrière musicale. Après 65 années passées à façonner le paysage sonore de la Guinée, le virtuose tourne une page historique, avec une élégance et une lucidité qui marquent la profondeur de son héritage artistique.
Lors d’un point de presse tenu le vendredi 7 novembre, l’artiste a abordé cette annonce avec une philosophie empreinte de sérénité. « Dans la vie, il y a un temps pour tout », a-t-il déclaré, rappelant qu’après une vie entière au service de la musique, le moment était venu de transmettre autrement.
Pour sceller cet adieu, Sékou Bembeya prépare la sortie de deux albums conçus comme un double hommage. Le premier, intitulé « Menguè », sera dédié à Ahmed Sékou Touré, père de l’indépendance guinéenne, et comportera douze titres. Le second, « Merci mon Général », rend hommage au Président Mamadi Doumbouya à travers dix compositions acoustiques entièrement portées par la guitare. Ces projets, explique-t-il, visent à offrir une autre facette de son art : « Je voulais qu’on garde une autre image de moi. Dieu m’a donné la chance d’être un bon compositeur, arrangeur et guitariste. J’ai tout donné, et aujourd’hui je veux offrir autre chose à la Guinée. »
Pour conclure sa carrière en beauté, le maître livrera un dernier concert au Palais du Peuple de Conakry en janvier 2026, un événement que plusieurs générations d’admirateurs attendent comme un moment historique. À cette occasion, une édition limitée des albums sera proposée à la vente au prix de 500 000 GNF pour les CD standard, et 1 000 000 GNF pour les versions dédicacées de la main de l’artiste. L’objectif est de permettre à Sékou Bembeya de vivre une retraite artistique digne du statut qu’il occupe dans le patrimoine national.
Au-delà de la scène, le guitariste a également annoncé un geste fort à l’endroit de la mémoire culturelle : la remise de sa guitare emblématique, d’une tenue de scène historique, destinée au Musée National de Guinée. Une manière de transmettre son œuvre aux générations futures et d’inscrire son parcours dans le temps long.
De ses débuts dans les années 1960 à l’essor du Bembeya Jazz National, Sékou Bembeya Diabaté a laissé une empreinte indélébile sur la musique guinéenne, façonnant l’un des répertoires les plus marquants du continent. Avec cette retraite, une ère se referme, mais la légende demeure. Comme il l’a résumé avec émotion : « J’ai tout donné. Et demain, quand je ne serai plus là, on dira toujours Sékou Bembeya. »












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