Princesse Shuri

Les studios Marvel concluent la phase 4 du déploiement de leur univers cinématographique et télévisuel avec Black Panther : Wakanda Forever, film très attendu, puisqu’on y apprend qui porte à son tour le costume du superhéro, et donc quel acteur a la lourde de tâche de succéder à Chadwick Boseman, décédé le 28 août 2020 des suites d’un cancer qu’il avait combattu en secret. L’absence de Boseman et la mort du premier Black Panther porté au grand écran en 2018 pèse sur Wakanda Forever de la première à la dernière scène, donnant une gravité, tantôt une lourdeur, rarement vue dans les productions du studio américain.

 

Ce film est à la fois un hommage à Boseman ainsi qu’un long deuil de 2 h 30. La première scène nous montre Princesse Shuri (Letitia Wright), soeur cadette du Roi T’Challa devenu Black Panther, dans son laboratoire, cherchant urgemment la recette qui aurait permis à son frère de survivre à la maladie, en vain. Avant que ne défile le générique d’ouverture, on assiste déjà aux funérailles de T’Challa dans les rues de Birnin Zana, capitale wakandaise.

 

La disparition de T’Challa plonge dans l’incertitude la nation africaine possédant le monopole sur l’exploitation du vibranium, métal plus résistant et léger que l’acier qui lui donne un avantage technologique envié par les puissances du monde. Alors que les Wakandiens croyaient leur ressource indétectable, voilà que l’on apprend qu’un scientifique a mis au point une technologie permettant d’en repérer un filon jusqu’alors inconnu, quelque part au fond de l’Atlantique.

 

L’expédition américaine visant l’exploitation de cette nouvelle source de vibranium est alors attaquée par une force inconnue ; Wakanda étant soupçonné, la reine mère Ramonda (intense Angela Bassett) est convoquée à un conseil de l’ONU, durant lequel elle mettra en garde ses homologues du danger que peut poser le vibranium entre les mauvaises mains, tout en leur assurant que son peuple n’est pas impliqué dans l’assaut du forage sous-marin.

 

Le plus urgent, maintenant, est d’interroger le scientifique ayant mis au point ce détecteur de vibranium ; Ramonda chargera sa fille Shuri et la guerrière Okoye (Danai Gurira) de cette mission qui les mèneront sur le campus du MIT, à Boston, pour y découvrir qu’il s’agit en fait d’une précoce scientifique de 19 ans nommée Riri Williams (elle sera dans les plus spectaculaires scènes d’action), laquelle possède une intelligence rappelant celle du regretté Tony Stark…

 

Or tôt dans le récit, Ramonda et Shuri recevront la visite (inattendue, puisque Wakanda est censée être cachée du monde) de Namor, roi (amphibie) de Talokan, civilisation bâtie depuis des siècles au fond de la mer l’illustration de cette contrée est particulièrement réussie, alors que le réalisateur Ryan Coogler a judicieusement choisi d’éviter le genre de clichés de science-fiction que privilégiait DC Entertainement/Warner dans sa description d’Atlantis pour Aquaman (2018).

 

Il appert que les Talokans aussi exploitent le vibranium. Considérant Wakanda comme un allié objectif, Namor exige qu’on élimine la jeune scientifique pour préserver le secret de la ressource. Le roi rêve même de confronter les puissances « terrestres » pour empêcher toute colonisation de Talokan, ce que ne peut accepter Ramonda. Un conflit se dessine entre les deux nations.

 

Alors que le premier Black Panther (aussi réalisé par Coogler) se déroulait presque entièrement à Wakanda, ce second film passe plus de temps hors des mystérieuses frontières du pays  en haute mer, aux États-Unis, même à Haïti, visité par certains personnages.

 

L’absence du magnétique acteur que fut Boseman se fera sentir à tous les niveaux, mais permettra aux personnages féminins de prendre toute la place, et à ceux joués par Letitia Wright et Danai Gurira de s’illustrer, les deux actrices offrant de formidables performances. Il s’agit néanmoins d’un film parfois longuet, éploré, lourd et dénué d’humour (le personnage d’agent de la C.I.A. Joué par Martin Freeman, si important dans le premier film, est devenu accessoire), empreint de désespoir, la résolution du conflit au coeur du récit ne survenant pas sans pertes inutiles.

 

Avec :  ledevoir.com

 

 

  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0