Dans une interview exclusive qu’il a accordé à votre quotidien en ligne Gnakrylive.com, le rappeur guinéen Louny vous ouvre son cœur. Dans ce long entretien, l’auteur du slogan '’Ya nous ya eux’’ a mis la sur beaucoup de zone d’ombre qui concernent notamment : sa carrière, sa relation avec les artistes en général et les rappeurs en particuliers, le CLASH dans le RAP, sa mode de vie, sa perception de la musique guinéenne et ses ambitions pour le futur.

 

 

Bonne lecture à vous.

 

GL : Bonjour et présentez-vous s'il vous plaît ?

 

Louny : « Je m’appelle Louceny KEITA allias « Louny » jeune guinéen rappeur, auteur, compositeur et producteur né à Conakry 224 toit même tu sais. »

 

GL : Comment êtes-vous venu dans la musique ?

 

Louny : « En vérité c'est un rêve d'enfance qui devient réalité, depuis le début j'étais passionné par la musique et à force de suivre mes frères qui étaient dans la musique et quelques rappeurs de la Old school comme Silatigui, kil point, Légitime défense etc. Je me suis lancé dedans mais j'ai passé beaucoup de temps à l'extérieur au Canada avant de revenir en 2015 et de continuer avec la musique. »

 

GL : Quels sont les artistes qui ont le plus influencés votre carrière ?

 

Louny : « Je peux vous vous dire que c'est DMX, Jay-Z et Booba j'ai vraiment été très influencé par leurs musiques à un moment donné et je faisais même des répétitions de leurs chansons et ça m'a donné envie de faire du rap pour moi-même. »

 

GL : et vous êtes aujourd'hui auteur d'un album "le visage de la relève" parlez-nous de cet Opus ?

 

Louny : « C'est un album à la base que j'ai enregistré au Canada, mais à mon retour au pays on l’a écouté avec mon équipe et on a jugé nécessaire de le refaire au gout de la Guinée. Il m'a fallu un temps d'adaptation pour le milieu guinéen mais au final ça été une réussite car on a réussi à le revendre à plus de 3.000 exemplaires. »

 

GL : le ‘’titre’’ (le visage de la relève) c'est quoi le message que vous avez voulu passer ?

 

Louny : « Avant, nos ainés que je respecte beaucoup faisaient du rap conscient, engagé et de dénonciation et mais maintenant, le rap est devenu très égocentrique, plus commercial, et moi j'appartiens à cette nouvelle génération de rappeur qui ne parlent pas forcément de galère ou autre. Donc on a changé de visage et qu'on le reconnaisse ou pas j'ai changé beaucoup de choses dans ce Game et j'ai apporté mon grain de sel. »

 

 

GL : c'est quoi vos projets artistiques de court et long terme ?

 

Louny : « Déjà on a sorti un 1er album, donc en termes de visibilité on a réussi car tout le monde sait qui je suis maintenant et de quoi je suis capable. Là je travaille sur ma mixtape qui s'appelle "Sekou Touré" car j'ai donné l'indépendance au rap guinéen'' de sept 7 titre où j'ai fait un feat avec Banlieuz'Art. »

 

GL : quels sont vos rapports avec les rappeurs guinéens ?

 

Louny : « Bon en général j'ai un bon rapport avec tous les artistes qu'ils soient rappeurs ou autre, car je suis quelqu'un de très ouvert et je n’ai pas de clan Chez moi. Pour moi tous les artistes guinéens sont de la même famille c'est comme ça que je vois les choses. Et après ma philosophie est très simple si tu es avec moi on est ensemble si tu n'es pas avec moi tu peux aller te faire foutr*. »

 

GL : récemment on a constaté que beaucoup de rappeur s'attaquer à vous, vous clash avec des mots durs, comment vous réagissez à ça ?

 

Louny : « Merci pour cette question, déjà il faut reconnaitre que moi je n'attaque personnes. On s'en prend souvent à moi en premier. Mais comme je le dis souvent, un rappeur comme moi, tu ne verras jamais, indépendant, et capable de s'autofinancer sans l'aide de personnes. Même mon mode de vie je ne pense pas qu'il y'a un artiste ici en ce moment qui peut se l'offrir, mais après tout on vit dans un monde qui choc et surtout l'esprit guinéen n'aime pas voir une réussite ou quelqu'un qui montre sa richesse. C’est culturel enfaite et ça dérange. »

 

« Mais après, je peux comprendre aussi car c'est le Game et on ne jette pas un caillou sur un arbre qui n'a pas de fruits malgré que y'en a qui débordent. »

 

GL : Avec quel rappeur guinéen aimeriez-vous faire un featuring ?

 

« Avec n'importe quel rappeur guinéen moi je serai fier de faire un featuring. Je n'ai pas de choix ou de limite. Même avec ceux qui m'ont clashés car ça fait partir du Game et je serai content que les gens disent (regarde les deux qui se clashaient on fait un son ensemble) c'est bien car y'a un message positif qui se cache derrière. Vous savez la concurrence est bonne tant qu'elle est positive c'est le contraire qui est Bad. Donc moi ça ne me dérange pas de poser avec n'importe qui. »

 

GL : Alors on peut dire que les clashs ne vous font rien ?

 

Louny : « Honnêtement parlant non ! ça me dérange pas du tout. Moi quelque chose me dérange si seulement ça peut impacter ma vie. Mais tant que ça ne change pas ma personne et mon état d'esprit c'est bon et y'a même un avantage dedans car je me dis par là que j'ai des agents commerciaux que je ne paie pas qui font le boulot de visibilité gratuitement pour moi. Plus on parle de moi, plus je suis connu donc continuez. »

 

GL : vous avez aussi ce côté Blin-Blin genre villa de luxe, belle voiture. Dites, l'objectif c'est d'être l'artiste le plus riche ou le meilleur rappeur ?

 

Louny : « (rire) je pense que la finalité dans la vie c'est de réussir. Les titres c'est qu'un bagage encombrant. Moi je te laisse le titre de meilleur rappeur tant que j'ai les millions de dollars dans mon compte et après on verra qui sera le plus respecté. N'oubliez pas, on a vu plein d'artistes ici qui étaient vraiment meilleurs, mais aujourd'hui ils pleurent, ils quémandent pour aller se soigner. Donc moi je préfère pouvoir me soigner. »

 

 

GL : comment expliquer votre étiquette de rappeur le plus riche ?

 

Louny : «Il faut dire la vérité cette étiquette c'est vous les médias qui me l'avez collé. Sinon je suis là depuis 2015 ma maison je l'ai depuis 2012, j'ai plein de voiture de luxe mais personne n'était au courant de tout cela. Donc il a fallu qu'un média prenne ça et met sur internet pour que les gens commencent à parler mais après tout, j'assume car y'a pas de mal à montrer sa réussite. »

 

« Donc si je dis dans mes clips qu'il y a ça et ça, c'est juste pour motiver en fait. Mais les gens interprètent mal les sujets. Moi je veux juste dire par là que si j'ai pu faire tel ou tel toi aussi tu peux le faire. »

 

GL : Selon vous, qui est le meilleur rappeur guinéen ?

 

Louny : « (Rire) je pense que tu l’as en ce moment dans ta caméra. »

 

GL : Parlez-nous de "224 New School Music" ?

 

Louny : « C'est mon label je l'ai créé depuis le Canada mais je l'ai fait à l'image de la Guinée avec 224 qui est notre code téléphonique donc c'est pour vendre l'image de la Guinée. On a quelques artistes à l'intérieur que nous produisons. »

 

GL : Comment voyez-vous Louny dans 10 ans ?

 

Louny : « Dans 10 ans Louny sera l'un des plus gros producteurs de la musique en Guinée et l'un des plus grands hommes d'affaires. »

 

GL : Qui est Louny en dehors de la musique ?

 

Louny : « De mon vraie nom Lounseny Keita je suis un jeune guinéen entrepreneur, je possède plusieurs sociétés dont une dans la communication, une dans la construction BTP et une société immobilière avec des immeubles de luxe que je mets en location donc c'est ce que je fais en dehors de la musique et j'essaye de changer l'image de la Guinée à ma façon et j'emploie des jeunes. »

 

GL : Avez-vous pensez à créer une fondation humanitaire ?

 

Louny : « Oui effectivement on met en place notre fondation humanitaire pour bientôt car je pense venir en aide à toutes les couches sociales surtout au moment ce moment de Coronavirus on a fait beaucoup de don mais pas de publicité derrière. Et j'encourage les autres à faire le même chose, car si nous sommes beaucoup on peut changer quelque chose. »

 

 

GL : Comment avez pris la décision du gouvernement d’interdire les spectacles culturels ?

 

Louny : « C'est une décision que je n'ai pas appréciée personnellement, parce que quand je pense aux investissements des gens qui se débrouillent, si on annule ça à la dernière minute ils perdent beaucoup d'argent et après je ne sais pas si l'état va rembourser ou pas. Mais c'est dommage car les artistes guinéens ne vivent pas de leurs arts mais des spectacles vivants. »

 

« Toutefois, de l'autre côté aussi y’a toujours la maladie qui traine. Il ne faut pas le négliger mais je pense qu'on peut trouver un compromis car dans beaucoup de pays qui ont le Corona les spectacles se font avec le respect des barrières sanitaires donc l'État doit alléger les choses, et j'espère qu’il va entendre nos cris de cœur. »

 

GL : selon vous qu'es ce qui manque à la musique guinéenne pour se mesurer aux pays voisins ?

 

Louny : « Une question très facile à répondre. Ce qui nous manque ? C'est nous même les guinéens. Par exemple Louny fait un album il organise un concert les gens ne viennent pas soutenir. Si dans ton propre pays on te respect pas, c'est ailleurs qu'on va te respecter ? Aujourd'hui tu envoies Davido en Guinée les gens viennent le voir. Pourquoi ? Parce qu'au Nigeria il a rempli des Stades. Iba One remplie d’autres au Mali et si les gens voient que la Guinée c'est vide tu vas remplir nulle part ailleurs. »

 

« Un autre exemple, les promoteurs invite un artiste ici, ils ne donnent même pas l'accès aux artistes d'ici de le voir se présenter où parler de projet on vous met derrière l'artiste. Donc je pense que les promoteurs ont aussi leur part de responsabilité, les médias ont leur rôle aussi car vous devez contribuer à promouvoir les artistes, et le public doit venir donner de la force. »

 

« Le problème il est là. Donc quand on règlera ça, ça va marcher car je suis certain que les artistes guinéens sont plus talentueux que les ivoiriens, maliens ou sénégalais mais nous on n’a pas de soutien c'est tout. »

 

GL : Quel est le message que vous avez à passer aux artistes ou au public ??

 

Louny : « Pour que la musique guinéenne avance, il faut que toute la chaîne se mette en mouvement c'est-à-dire, les médias, les producteurs, les managers, les artistes et le public car l'Union fait la force, si on n’est pas unis on ne peut pas avancer. »

 

« Personnellement, je pense qu'il est temps qu'on se donne la main et qu'on arrête cette animosité ou guéguerre de clan car ça ne bénéficie à personne. Il faut qu'on fasse une prise de conscience car plus on se soutien mieux ça va aller. »

 

« Et merci à tous ces mélomanes qui nous suivent et nous encouragent et merci aux médias qui nous offrent beaucoup de visibilité et nous permet de nous exprimer. La Guinée regorge beaucoup de talent et ensemble nous réussiront car n'oubliez pas ''Y’a nous y’a eux" »

 

GL : merci à vous d'avoir répondu à nos questions

 

Louny : « Tout le plaisir est pour moi. »

 

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